Laurent Gagnebin

Du rêve en politique
In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°46, 1995. pp. 95-97.

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Gagnebin Laurent. Du rêve en politique. In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°46, 1995. pp. 95-97. doi : 10.3406/chris.1995.1776 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1995_num_46_1_1776 CONTROVERSE

DU REVE
EN POLITIQUE

Une réaction au dernier editorial de Pierre-Olivier Monteil
Laurent Gagnebin

« Aussi bien, en 1981, les cent dix propositions du candidat Mitter rand n'ont-elles, semble-t-il, été mises en avant que pour faire rêver : au sens le plus cynique du terme. Deux septennats plus tard, l'expé rience apparaît bien amère. » Autres temps n° 45, editorial, « Prési dentielle : la politique absente ».

1. « Faire rêver » ! S'il est un point qui m'a profondément manqué dans les programmes des candidats à l'élection présidentielle, c'est bien celui-là ; on ne nous a proposé aucun grand projet. La catégorie de l'espérance était absente. On ne mobilise pas sans elle. Certes, es pérer, c'est vouloir. Certes, il faut toujours préférer l'homme à l'idée qu'on s'en fait. Certes, la violence revient invariablement (d'une man ière ou d'une autre) à préférer le lointain au prochain. Certes, des utopies peuvent justifier des totalitarismes où l'on fait entrer de force le présent dans l'avenir. Cela dit, des pensées et des analyses ne sont rien si elles ne s'inscrivent pas dans une pensée qui les dépasse ; la l iberté est toujours devant nous, toujours à conquérir, car sitôt atteinte, elle s'évanouit et s'inscrit dans l'ordre du donné, des nécessités, voire du passé à dépasser. Rêver n'est pas seulement un besoin, mais un appel où le manque, l'inédit, la novation créatrice, l'imprévisible même, sont sollicités. Le rêve, l'attente active du Royaume, seraientils la propriété exclusive des seuls prédicateurs de nos Eglises ?
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D'ailleurs, les hommes politiques