anaylse du film agora
Guy Brousseau
Introduction1
On savait peu de choses sur Hypathie d’Alexandrie à l’époque où John Toland2 attira l’attention sur le sort de cette femme, mathématicienne qui fut la dernière directrice de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie, reconnue dans la littérature byzantine comme un modèle de femme accomplie, vertueuse savante et belle. La réaction immédiate de Thomas Lewis3 pour défendre Saint Cyril soupçonné par « l’Encyclopédie Byzantine » d’être l’inspirateur du meurtre, fut de déclarer Hypatie « une impudente maîtresse d’école ». La violence et la maladresse de cette réplique et les séquelles de l’affaire ont montré que cet épisode malheureux d’une époque troublée, quelles qu’en soient les péripéties, portait de nos jours une plaie cachée mais toujours saignante. Depuis, de Voltaire à Barrès, sporadiquement, chaque époque a projeté ses débats et ses conceptions sur cet épisode. On en sait un peu plus aujourd’hui4 sur la vie d’Hypathie, mais si peu qu’on comprend que ce n’est pas l’Histoire qui portera la réponse, c’est la compréhension des questions que cet épisode nous pose. Qu’est-ce qui fait l’actualité récurrente de cet épisode historique ?
En fait deux grandes causes ont trouvé dans la mise à mort d’Hypathie un symbole fort, à deux époques différentes. La cause la plus récente, sans doute la plus claire et la plus actuelle, est celle de la place de la femme dans la société : le seul, le vrai défaut d’Hypathie était d’être une femme et d’être irréprochable. La cause la plus ancienne est celle dont nous allons parler : le rôle de la recherche scientifique et philosophique dans la société. Ces deux causes ne sont pas aussi étrangères l’une à l’autre qu’il y paraît.
Agora, le dernier film d’Alejandro Amenabar traite ce sujet. Il présente les étapes d’un débat scientifique sur la forme et le mouvement des planètes qui a duré plus de vingt deux siècles5. Il ne réserve pas