FRANÇAIS
Dissertation
« De quelle vision de l’homme et du monde le roman Magnus se fait-il l’écho ? »
Magnus
Sylvie Germain

Sylvie Germain a sculpté Magnus dans les souvenirs de son enfance. Bercée jusque là dans le calme du Morvan, la découverte du camp de Struthof, à neuf ans, fut un choc terrible. Peut-être n’a-t-elle pu, à ce moment, exprimer ses sentiments. L’écriture lui permet aujourd’hui de le faire avec une justesse surprenante. Et, quand, des dizaines d’années plus tard, on l’interroge sur son inspiration, elle explique : « L’image qui m’obsédait, à travers l’histoire de l’art, c’était la lutte de Jacob avec l’Ange. C’est l’image ultime du destin de tout individu, la figure que l’on va donner à une force qui nous dépasse et qui nous appelle à nous dépasser nous-mêmes ». Alors, de quelle vision de l’homme et du monde Magnus se fait-il l’écho ? Une énigme résonne dans vos esprits à la lecture du roman, une énigme qui, comme un écho, répète sa question. Une énigme si ancienne que notre mémoire n’en perçoit pas la source : l’énigme du Bien et du Mal. Le Bien à travers l’homme, mais aussi à travers le monde. Le Mal à travers l’homme, mais encore à travers le monde. Il arrive même parfois que la mémoire, notre mémoire, ne les dissocie plus.

Quelque puisse être l’impression générale du lecteur à la fin de sa lecture (peut-être le Mal domine-t-il ?), le Bien occupe une importante place dans Magnus. Tout d’abord sous la forme de l’Amour. L’Amour d’un fils envers son père et sa mère. En effet, l’enfance de Franz-Georg est, dans l’immédiat, un moment de paix et d’insouciance : « Franz-Georg aime son père, et l’admire sans mesure » (p.21). De cet amour brisé en naît un plus spirituel. Lothar, de fait, devient, au lieu d’un père, un ami digne de confiance. « le fond de son être : l’intelligence et la pudeur d’une bonté sans souci d’elle-même » (p.204). Mais cela ne peut suffire à un homme comme Magnus, qui garde finalement le