Desir
I. en effet, il peut sembler raisonnable de renoncer à nos désirs impossibles, de ne désirer que le possible car :
-nous sommes d’abord des êtres de raison et il serait contradictoire avec notre nature de s’abandonner à des désirs eux déraisonnables. En effet, si le désir est impossible, c’est qu’il n’est pas contenu dans le réel, en accord avec ses lois, « le réel ne contenant pas plus que le possible », comme le dit Kant, le possible est de l’ordre du réel (soit effectif soit envisageable). Or il n’est pas réaliste de désirer l’ubiquité, l’immortalité, une apnée d’une journée, un voyage dans le temps, un acte gratuit car c’est contraire aux lois de la nature ou à la logique ( désirer un acte gratuit, c’est déjà lui ôter sa gratuité). Dès lors s’abandonner à ce type de désir, c’est adopter un comportement contraire à la raison, à la logique ou à l’ordre des choses.
-nous sommes aussi des êtres aspirant au plaisir et fuyant la souffrance, comme le dit Epicure, le plaisir est notre référence. Dès lors désirer l’impossible, c’est s’exposer à la frustration, au déplaisir, à la souffrance ; on ne peut pas prendre un tel risque garanti.
-nous sommes enfin des êtres recherchant notre intérêt, or où est l’intérêt de perdre son temps à désirer en vain, alors qu’il y a des désirs eux accessibles, possibles, réalistes ?
- on peut enfin penser que l’objet du désir est l’objet apparent et que ce que vise le désir, c’est d’atteindre sa cible, ce vers quoi il fait mouvement. Donc désirer l’impossible, c’est se donner un but inaccessible, frustration garantie !
Donc à la vue de tout cela on peut penser que le sage est bien celui qui arraisonne ses désirs, qui parvient à les accorder à la réalité, préférant « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde » comme le dit Descartes, reprenant les stoïciens et rejoignant les épicuriens qui nous invitent à vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent, en accord avec le réel et le