Dessins et caricatures : cléricalisme et anticléricalisme sous la IIIe République
4988 mots
20 pages
Durant les premières décennies de la Troisième République, les débats sur la place de l’Eglise dans la société et sur ses liens avec l’Etat connaissent deux mouvements très intenses. Autour de 1880, avec l’installation de la République laïque qui mobilise essentiellement une presse satirique républicaine vivante et diversifiée. Puis, de 1901 à 1910, les controverses liées au vote et aux suites de la loi sur les associations (premier juillet 1901) ainsi que la loi de séparation entre l’Etat et les Eglises (9 décembre 1905). De plus, en ce début de XXe siècle, l’engouement du public pour l’image se manifeste notamment par le développement des journaux illustrés, et cela pour toutes les catégories de la population, quel que soit l’âge ou la condition sociale. Mais, la gauche parlementaire, a contrario des tendances d’extrême gauche et de leurs journaux tels La Voix du Peuple, hebdomadaire de la Confédération Générale du Travail (C.G.T.) ou Les Temps nouveaux, qui augmentent l’efficacité de l’activité révolutionnaire, tarde à assimiler la culture de l’image dans sa politique. Ainsi, jusqu’à la Grande Guerre, la conception pédagogique de la propagande amène socialistes et radicaux à s’exprimer presque exclusivement à travers des textes. C’est ce qui explique que ni le parti socialiste, ni le parti radical ne tentent de créer des supports comparables à des revues socialistes et anticléricales comme L’Asino de Galantara en Italie. Pourtant, pour Marc Tholivet, la caricature est « l’expression la plus évidente de la satire dans le graphisme », ce qui revient à dire que c’est une sorte de pamphlet iconographique. Aussi, en France, les caricatures anticléricales sont-elles publiées, pour la grande majorité d’entre elles, dans des revues fondées par des libres penseurs, comme L’Assiette au Beurre qui paraît de 1901 à 1912. Mais, éditées en couleurs, et avec beaucoup de soin, de telles revues coûtent trop cher et ne touchent qu’une certaine catégorie de la population,