Destination inconnue
Destination inconnue
Traduit de l’anglais par
Michel LE HOUBIE
Titre original : Destination Unknown
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CLUB DES MASQUES
CHAPITRE PREMIER
L’homme assis derrière le bureau déplaça de quelques centimètres sur la droite un lourd presse-papiers en verre. Plutôt que pensif ou préoccupé, son visage semblait dépourvu d’expression. Il avait le teint pâle des gens qui passent la plus grande partie de leurs journées à la lumière artificielle. On devinait en lui un homme de cabinet. Un homme de dossiers et de fiches. Et le fait que, pour parvenir jusqu’à lui, il fallait suivre de longs et tortueux couloirs souterrains avait quelque chose d’étrange et d’insolite. Il eût été difficile de lui donner un âge. Il ne paraissait ni vieux, ni jeune. Il n’avait pas de rides, mais une grande lassitude se lisait dans ses yeux.
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L’autre personnage qui se trouvait dans la pièce était son aîné. Brun, avec une petite moustache d’allure militaire, il débordait manifestement d’activité et d’énergie. Incapable de tenir en place, il se promenait de long en large, jetant de temps à autre, d’une voix brève, quelque remarque explosive :
— Des rapports, des rapports et encore des rapports !… Et pas un, dans le tas, dont on puisse tirer quelque chose !
L’homme qui était au bureau baissa les yeux sur les papiers qu’il avait devant lui. Sur le dessus, il y avait une fiche de carton, portant un nom, suivi d’un point d’interrogation :
« Betterton, Thomas Charles ? » Hochant la tête, il dit :
— Ces rapports, vous les avez étudiés et ils ne contiennent rien d’intéressant ?
L’autre haussa les épaules.
— Comment l’affirmer ?
— Évidemment, on ne sait jamais !
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— On l’a vu sur la Riviera, on l’a rencontré à Anvers, identifié de façon certaine à
Oslo, aperçu à Biarritz, remarqué à Strasbourg, où son comportement a semblé suspect. On l’a vu sur la plage d’Ostende, en compagnie d’une blonde magnifique, et se
promenant