Dans une lettre à Sophie Volland (18 juillet 1762), Diderot écrit : "Presque toujours ce qui nuit à la beauté morale redouble la beauté poétique. On ne fait guère que des tableaux tranquilles et froids avec la vertu ; c'est la passion et le vice qui animent les compositions du peintre, du poète et du musicien."

Analyse de la citation : Il y a une dissociation de la beauté morale et de la beauté poétique. Ce qui nuit à la beauté morale redouble la beauté poétique, cela signifie que ce qui porte atteinte à la beauté morale renforce la beauté poétique. La beauté poétique se définit donc sur sa nuisance sur la beauté morale. il faut comprendre ce que l'on entend par beauté morale et beauté poétique. La beauté morale concerne les œuvres qui ont une visée morale, c'est-à-dire dont la beauté dépend du caractère moral de l'œuvre, alors que le caractère poétique n'a d'autre but que cette beauté, elle ne se subordonne pas à la beauté morale. La beauté poétique est supérieure à la beauté morale. Cela signifie aussi que la beauté morale ne vise qu'elle-même, mais c'est déjà une autre interprétation. La beauté poétique est définit en filigrane dans la phrase suivante, elle est associée à la passion et au vice.
Vocabulaire de l'art pictural : l'artiste fait un tableau dont émane une beauté, et la force du tableau, le saisissement ressenti à son regard redouble de force quand la beauté est poétique. Les œuvres qui ont une visée morale sont froids, c'est-à-dire qu'ils ne suscitent guère d'émotions. Mais il s'agit là de s'interroger sur l'activité de l'artiste, de la nature de son activité. Pour Diderot, l'artiste vise la beauté poétique par le vice et la passion. il y a une forme de violence dans l'écriture, qui s'oppose à la tranquillité de l'écriture qui vise la beauté morale. Cela ne signifie pas seulement qu'on fait une œuvre avec passion, mais que l'activité de l'artiste suppose une attitude presque déchaînée. La beauté poétique se définit comme cette violence féconde,