Discours aux habitants de la bétique
C'est le cœur serré que je m'adresse à vous en ce jour. Permettez-moi tout d'abord de vous adresser à tous mes remerciements les plus sincères. Voilà déjà un an que, au hasard de mes pérégrinations, j'ai découvert la Bétique et que je me suis installé parmi vous. Votre accueil a dépassé toutes mes attentes. Votre simplicité et votre générosité m'ont touché et je vous serai éternellement reconnaissant de tout ce que vous avez partagé avec moi. Jamais je n'oublierai ces vertes collines, où règne l'abondance sous un climat doux et constant ! Jamais je n'oublierai vos chaumières où frugalité rime avec sérénité ! Cependant, l'heure du départ a pour moi sonné. Je vais désormais reprendre mon voyage. Certes, la Bétique est un pays merveilleux, idyllique, et vous êtes un peuple très vertueux. Vos mœurs sont paisibles et justes, vous vous contentez de ce que vous offre une nature luxuriante qui vous chérit particulièrement. Vous refusez tout superflu, tout luxe, que vous considérez comme la source de tous les vices et du malheur qui agitent les autres peuples. Vos désirs se bornent à ce qui vous est nécessaire et vous avez ainsi trouvé, loin de tous, le chemin du bonheur en faisant le choix de la frugalité.
Toutefois, même si vous m'avez proposé de m'installer parmi vous, ce dont je vous remercie encore, je ne peux demeurer ici, car je sens bien que je ne pourrai jamais m'adapter parfaitement à votre société. Vous m'avez enseigné à me méfier du superflu et je retiendrai sans aucun doute la leçon à mon retour en France – pays où la mode fait des ravages, s'il en est. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir jamais me passer de tout ce que vous considérez comme inutile, voire dangereux. Pour moi, j'admire le savoir-faire, le génie de nos architectes, de nos peintres, de nos musiciens… et même de nos cuisiniers ! La créativité, le talent de ces artistes, mais aussi le raffinement qu'ils nous offrent me semblent justement représentatifs de ce que l'humanité peut