Dissert
Et me voilà, moi, simple Bardamu, petit soldat engagé dans cette guerre ridicule et meurtrière au milieu de nulle part, me demandant quand cette horreur allait se terminer. En voyant arrivé ce pauvre soldat transi de froid, son air fatigué, assoiffé et crevant de faim, je me demandai quelles mauvaises nouvelles du front apportait-il à notre officier supérieur. Je réussissais tant bien que mal à m’approcher sans me faire remarquer, baissant ma tête de curieux et froussard et l’oreille en alerte maximum.
« Comment, parlez moins vite sergent, et reprenez votre souffle, vous dites que les troupes ennemies sont à 10 minutes de notre camp ? Vous confirmez cette information? » Demandai calmement mon capitaine. Ce jeune soldat qui paraissait au bas mot à peine 20 ans, acquiesçait d’un hochement de tête lent avec une peur incontrôlée qui se lisait dans ses yeux.
« Oui mon capitaine, les troupes ennemies foncent sur nous ! Ça va être un massacre »
« Un massacre ?! Ils vont voir mon armée, une vraie armée ! Qu’ils viennent s’emplafonner contre nos boucliers ! On les attend de pieds fermes ! »
« Mais… capitaine, ils sont beaucoup plus nombreux que nous et … »
Le capitaine lui coupait la parole, mais qu’ils viennent, on en fera qu’une bouchée. Et il continuait, de toute façon nous n’avons peur de personne, et nous avons faim de victoire, n’est-ce pas ?
« Ou… Oui capitaine, à vos ordres. »
Oui, l’ennemi était aux portes de notre camp, j’en avais maintenant la certitude et moi aussi la peur commençait à m’envahir. Quel merdier, dans quel pétrin je m’étais engagé. Mon ventre grondait de peur et de faim, mes yeux usés par les heures de garde se fermaient sans cesse. Je n’eus pas le temps de finir l’inventaire de mon état général qu’un énorme coup de tonnerre se fit entendre, enfin c’est ce que je crus !
En l’espace d’une seconde je vis des éclats voler, des bras, des jambes, des morceaux de torses, des morceaux d’hommes, oui des