Dissertation humanité
Toutes les mythologies ont toujours vu l'homme comme le centre de la création et ont imaginé des dieux anthropomorphes. Pic de la Mirandole concevait une pyramide du monde dont le degré supérieur, au-dessus des simples objets, des plantes et des animaux était l'homme, créature-reine et seigneur du monde après Dieu. Rares sont les systèmes cosmiques selon lesquels les animaux sont promus à aller au paradis. Il a fallu atteindre Darwin et le XIXè siècle pour qu'enfin l'homme admît qu'il n'est pas, sur le plan biologique, plus qu'un animal parmi d'autres. Ainsi l'homme est-il fermement persuadé d'occuper une place particulière dans la nature. Mais alors pourquoi, et dans quelle mesure. Est-ce seulement parce qu'il pense ? Ou plutôt parce qu'il parle (et la parole n'est-elle pas la source de sa conscience) ?
Les animaux sont réputés agir d'instinct. D'un chat qui chasse les souris on dira « ce n'est pas de la cruauté : c'est de l'instinct ». Appliqué à l'homme, ce terme est peu flatteur : on parle d'instinct guerrier, meurtrier… L'homme est supposé avoir perdu cet ingrédient qui permet aux autres animaux de survivre par eux-mêmes dans un environnement souvent hostile ; il est, ainsi que le dis Jules Vercors, un animal dénaturé. La légende de Prométhée nous rappelle que l'homme était bien moins adapté que les autres animaux d'Épiméthée ; cependant, il a reçu de son créateur un cadeau plus utile que l'instinct, symbolisé par le feu volé aux dieux… L'originalité de l'homme au sein de la nature est plus précisément l'originalité de l'humanité: l'homme ne naît pas dans cette place particulière, il doit y parvenir avec l'aide de ses congénères, il doit réussir à réunir en lui tous les éléments qui en feront un véritable membre de l'humanité. Contrairement aux animaux qui naissent déjà formés et caractéristiques de leur espèce, l'homme doit lentement mûrir. « Un enfant est un