Dissertation parole
I - La pensée a besoin du langage pour trouver sa forme achevée : a – La parole favorise une expression spontanée qui traduit le mouvement même de la pensée et contribue à son épiphanie. Hésitations, reprises, voire bredouillements, ou au contraire phrases abouties auxquelles s'ajoutent l'intonation particulière qui donne à la pensée sa nuance et les gestes qui la soulignent : penser, c'est parler. Grâce à la parole, la pensée volatile et vagabonde, ce flux qui occupe notre durée, trouve à se fixer, voire à se calmer. ex : on pensera particulièrement à la poésie de Verlaine, mais aussi à la théâtralisation de la parole (didascalies) par Marivaux. b – La parole est intersubjective. Nos interlocuteurs émettent des objections, nous poussent à préciser notre pensée, la stimulent ou la corrigent. L'échange que permet le dialogue est naturellement dialectique et chacun progresse vers une véritable découverte de soi. ex : le dialogue socratique est évidemment représentatif de cela et on pourra mettre en valeur la progression de Phèdre dans l'adhésion aux thèses de Socrate. c – La parole rencontre des formes, des contraintes qui obligent à nuancer la pensée brute. Les caractères particuliers d'une langue influent sur la pensée en l'inscrivant dans des codes culturels où elle prend sa vraie place. ex : ainsi, dans Les Fausses confidences, l'amour de Dorante reste informe et sans consistance tant qu'il n'a pas trouvé à se déclarer et Araminte prend peu à peu conscience de ses sentiments pour lui avec les paroles que Dubois sait habilement semer autour d'elle.
II - La parole est souvent en deçà du flux mouvant de la pensée: a – La parole exhibe la pensée et peut se trouver embarrassée par des scrupules, des sursauts de pudeur, voire par un lexique insuffisant. Les conditions sociales influent sur la nature du langage et la qualité de sa réception. Il est dans la nature de la parole d'être ce "discours à côté" que