I Le porte-parole du peuple L’écrivain, parce qu’il est un savant homme, du moins jusqu’à la fin du XIX ème, peut-être considéré avec raison comme un privilégié en ce sens qu’il dispose des moyens pour diffuser, alerter, interpeller à grande échelle. En ce sens aussi, de moindre évidence mais important tout de même, qu’il sait, quant à lui, s’exprimer avec aisance, présenter et exposer avec souplesse, convaincre de sa plume puisque que c’est son affaire au quotidien. Son éducation, ses origines bien souvent nobles ou bourgeoises, facilitent d’autant la tâche qu’il devient immédiatement plus crédible, ou tout simplement audible, par les autorités, les représentants de l’ordre, etc. C’est très justement parce qu’il est privilégié, parce qu’il a conscience qu’on prête, tout au sommet de l’État, une attention particulière à ses faits et gestes, que l’écrivain peut décider de donner la parole, au travers de sa plume, à ceux qui n’ont, de coutume, pas voix au chapitre. Ainsi certains écrivains et philosophes, aux temps des prémices de la Révolution notamment, prendront part aux revendications des peuples, défendront avec vigueur et conviction des valeurs nouvelles, payant parfois leur prises à parti aux prix d’arrestations (Voltaire), de lettres de cachets (Rousseau), d’exils et de censures. Ces écrivains défendent donc, des idées nouvelles (libéralisme pour Voltaire, collectivisme pour Rousseau) visant à répondre aux attentes de la population affamée, bâillonnée. Ils se font, au travers d’œuvre comme Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), les amplificateurs de la vox populi qui réclame à cette époque, plus de justice et plus de droits. Ayant parfaitement conscience de leur prévalence aux yeux de l’autorité (rois, papes, etc.), beaucoup d’écrivains profitent de leur large audience pour transmettre le message soufflé d’en bas, par le peuple, ce faisant ainsi les entremetteurs, les interprètes ou les porte-parole