Dissertation sur le roman_Conception de Nathalie Sarraute
De manière générale, le travail d’écriture est une entreprise complexe, mais celui qui consiste à écrire un roman l’est encore plus. Contrairement à la poésie et au théâtre, le genre du roman a dû faire face à de nombreuses critiques à travers les siècles, et les romanciers ont dû prouver la validité de leur travail pour que le genre romanesque acquière ses lettres de noblesse. Différents courants littéraires se sont formés à travers les siècles et c’est au XIXème siècle que le genre romanesque atteint réellement son apogée grâce à une reconnaissance du public et des critiques littéraires, autour de chefs d’œuvre majeurs, comme Le Rouge et le Noir, Madame Bovary ou L’Assommoir. Un siècle plus tard naît un mouvement littéraire constitué en grande partie d’écrivains appartenant aux Editions de Minuit, une maison d’édition française fondée lors de l’Occupation de la France par l’Allemagne, appelé le Nouveau roman. Ce terme a été employé pour la première fois par le théoricien Bernard Dort en 1955. Le Nouveau roman ne doit pas être considéré comme une école littéraire, ses représentants n’ont établi aucun manifeste. Les romanciers qui se regroupent ou que la critique a regroupé sous cette appellation, contestent les conventions du roman traditionnel, principalement l’œuvre balzacienne, et promeuvent de nouvelles pratiques d’écriture. Parmi les chefs de file du Nouveau roman figurent Alain Robbe-Grillet, Claude Simon mais aussi et surtout Nathalie Sarraute dont nous étudierons une courte citation : « […] le travail du romancier est une recherche qui tend à dévoiler, à faire exister une réalité inconnue. […] La réalité pour le romancier, c’est l’inconnu, l’invisible. C’est ce qu’il lui semble être le premier, le seul à voir ; ce qui ne se laisse pas exprimer par les formes connues et déjà utilisées. Mais ce qui exige pour se révéler un nouveau mode d’expression, de nouvelles formes. » (« Roman et réalité », 1959, Conférences et