Dissertation sur le don
Introduction :
- Donner n’est pas faire un don : lorsque le charpentier demande à son apprenti s’il peut lui donner la lime à bois qui est sur l’étagère, ou lorsqu’un parent réprimande son enfant et lui crie, au sujet de l’objet de ses méfaits, « donne moi ça ! », il n’est jamais question d’un don au sens stricte du terme. Ainsi le verbe « donner » a une acception beaucoup plus large, en français, que le substantif « don ». Donner, au sens fort, suppose bien plus que le déplacement …afficher plus de contenu…
- Le don est ainsi soumis a un soupçon, soupçon qui doit se définir rigoureusement comme la constante possibilité de l’interprétation d’une attitude comme obéissant à une téléologie secrète. Comme l’a montré Foucault, le soupçon est une méthode d’interprétation consistant d’abord à ne jamais se satisfaire du sens obvie des signes. Il suppose toujours que le sens authentique est caché, en retrait. Le soupçon serait donc la constante possibilité que le sens du signe soit lui-même le signe d’un sens qui ne se montre pas : la gratuité, sens du don, fait …afficher plus de contenu…
En effet, celui qui est prêt à mourir grâcieusement, qui est capable de se sacrifier montre par cette capacité même qu’il est au- dessus de la conservation de sa propre vie biologique, qu’il est libre de disposer de sa vie pour la mettre au service d’un sens qui exige son propre sacrifice. Le sacrifice de soi nie la nature en nous, et par là nous pose comme conscience libre, c’est-à-dire non-déterminée, sur-naturelle.
- Pour pouvoir mettre sa vie en jeu il faut être capable de la dépasser, de voir plus loin qu’elle : il ne faut donc ni se résumer à nos instincts de conservations ni à notre être naturel. Autrement dit, aller jusqu’à pouvoir donner l’essentiel, à savoir nous-mêmes, notre propre vie, c’est