dissertation
La Rochefoucauld, ni La Bruyère ne s'appliquent à eux-mêmes le terme de « moraliste », qui figure dans le Dictionnaire de
Furetière (1690), mais non dans celui de Richelet (1680), ni dans celui de l'Académie (1694). Dès l'origine, un certain flou s'attache au vocable, qui a même servi, un temps, à dénigrer les jansénistes (1). Il est du moins possible de partir d'indices assez précis. La Bibliographie de R. Toinet, nullement exhaustmonographie. La philosophia moralis antique, y lit-on, est devenue à partir de la Renaissance « une connaissance de la diversité humaine, savoir empirique et relatif, changeant avec les époques et les peuples ». On peut objecter qu'à travers l'étude de cette diversité, le moraliste classique vise la connais sanced 'une nature humaine qu'il croit invariable. « II est hors de doute, dit par ailleurs Friedrich, que tout absolu moral est détruit dans cette forme d'esprit. » A nouveau, derrière cet essai de typologie du moraliste, se profile avec un peu trop d'insis tancel a figure du seul Montaigne. Enfin, le romaniste allemand passe sous silence la question si importante du lieu commun (2).
On ne hasardera pas, ici, de définition proprement dite. Can tonner, dans une seule phrase, une légion bigarrée d'auteurs qui traitent, selon l'expression même de Friedrich, de « presque tout ce qui se rapporte à l'homme » : gageure méthodologique. On peut, en revanche, s'efforcer de reconstituer un parcours. Réduit à sa plus simple