disserte
(A. Des personnages fictifs comme masques de l’auteur). Tout d’abord, certains auteurs y sont contraints car ils n’ont pas le droit de s’exprimer librement. Le personnage fictif est donc un masque et un porte-voix en même temps. Ainsi Beaumarchais, auteur de l’Ancien Régime, ne peut exprimer librement ses opinions sur la société. Dans Le Mariage de Figaro, il confie donc à des personnages fictifs ses discours les plus subversifs : Marceline condamne l’hypocrisie des hommes qui jettent l’opprobre sur les femmes qu’ils ont eux-mêmes séduites, et Beaumarchais, grâce à elle, peut s’en prendre aux valeurs morales de la société. Plus loin dans la pièce, Figaro s’attaque à la noblesse, véritable fondement de la société avant la Révolution française. Mais l’efficacité de ce procédé est toute relative : même s’il parvient à faire entendre sa voix, Beaumarchais est condamné ! De même Voltaire, dans son conte philosophique Candide, utilise ce personnage naïf pour condamner les travers de la société tels que l’esclavage, l’absurdité de la guerre ou encore les injustices sociales. Là encore, le recours à ce personnage fictif caricatural permet à l’auteur de contourner la censure et de donner libre cours à sa pensée.
(B. Des personnages auxquels on peut s’identifier) Si un personnage inventé est un bon moyen d’influencer le lecteur, de le rallier à sa cause, c’est surtout parce que le lecteur peut s’identifier à lui. En effet, l’auteur brosse un portrait du personnage, lui donne une existence, un caractère. Ainsi le lecteur peut reconnaître en lui certains aspects de sa personnalité, et imaginer qu’il pourrait se retrouver dans la même situation que le personnage. Le lecteur peut s’identifier à Meursault dans l’extrait de L’Etranger car il compatit à la détresse de cet homme, accablé par un système judiciaire qui