Droits, libertés et « bonne gouvernance » : quelle cohérence ?
Par Benoît PREVOST Centre d’Etude des marchés et des inégalités Université Paul-Valery Montpellier III (France) benoit.prevost@tele2.fr La Banque mondiale et le Fonds monétaire international se sont ralliés à un nouveau discours sur le développement durable dans lequel les droits de l’homme et la démocratie jouent un rôle essentiel. Les institutions de Bretton Woods intègrent ces notions dans le cadre de la « bonne gouvernance » et des nouvelles stratégies de lutte contre la pauvreté mettant en avant une démocratie participative. Droits et libertés fondamentaux sont alors appréhendés dans une perspective instrumentale qui les soumet aux impératifs économiques des « bonnes politiques » mises en œuvre dans le cadre de la bonne gouvernance. Les principes économiques qui sont aujourd’hui défendus ne sont pas nécessairement compatibles avec les principes politiques et sociaux affirmés dans le discours, notamment lorsque l’expression populaire rejette les mesures d’ajustement et de rigueur économique. Un nouveau discours sur le développement a émergé au cours des années 1990, marqué par l’usage répété de termes jusque-là peu fréquents dans les problématiques courantes du développement : droits de l’homme, libertés, démocratie, développement social… font désormais partie du lexique ordinaire des acteurs de l’aide au développement. La Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ont, eux aussi, adopté ce nouveau vocabulaire. Il semblerait qu’un nouveau consensus ait vu le jour, que l’on nomme déjà le Consensus de Monterrey1. Le Consensus de Washington et les Plans d’ajustement structurels seraient dépassés et des « réformes de seconde génération » voient le jour, appuyées sur de nouveaux principes. « Développement durable » et stratégies de « développement intégré » sont au cœur du nouveau consensus, parfois confondu avec un changement de paradigme2. Ces changements correspondent plus à une