Déjà la nuit en son parc amassait
Tiré du recueil « L’Olive »
Déjà la nuit en son parc amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et, pour entrer aux cavernes profondes,
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait ;
Déjà le ciel aux Indes rougissait,
Et l'aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes,
De ses trésors les prés enrichissait :
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vis sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une nymphe en riant.
Alors, voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'indique orient.
Présentation de l’auteur :
Joachim Du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le 1 janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes pour lequel Du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.
Présentation du poème :
Ce poème a été publié en 1549 dans l'Olive, le 1er recueil de Joachim du Bellay, poète de la Renaissance et membre de la pléiade (groupe littéraire créé par Jean Dorat, maitre de Ronsard).
Le thème du poème est emprunté à la poésie italienne La Belle Matineuse, suite à l'introduction en France du sonnet. Ce sonnet est écrit en décasyllabe, composé de rimes embrassées dans les quatrains et de rimes plates dans les tercets.
Analyse du poème :
-Quatrain 1 : fuite de la nuit ‘’ étoiles vagabondes’’, caverne, sombre rappelle la nuit, ‘’noirs chevaux’’. L’auteur compare la nuit a une bergère qui rassemble son troupeau.
-Quatrain 2 : arrivée de l’aube « déjà le ciel aux indes rougissait, Inde a l’est : Lever du soleil.
-Tercet 1 : rupture avec « Quand d’occident ». Il met en scène l’apparition de la nymphe c.a.d de la femme. ‘’ Je vis