Désirer est-ce nécessairement souffir ?
Allister
Désirer est-ce nécessairement souffrir ?
On définit le terme « désir » le fait de tendre vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir. La souffrance, c’est une épreuve douloureuse au cours de laquelle on ressent une douleur physique ou morale. Alors la question peut se ramener à ces termes : désirer est-ce nécessairement souffrir ? Le sens commun retient du désir sa capacité à nous faire sentir notre existence, son pouvoir d’accélération de nos sensations et de nos perceptions, une vie à fleur de peau. Mais au moment de l’acuité la plus grande se donne aussi la conscience de la douleur, de la perte déjà, prise inexorablement en toute vie. Sensation de manque jusque dans la possession, hantise de sa mort, promesse d’un vide à la mesure du plein. Alors peut-être que nos plus grands désirs sont une annonce faite à la mort. Est-ce un « fatum », un destin, que de ne pouvoir espérer que pour souffrir davantage ?
Nous poserons dans un premier temps que la nature du désir est d’être dans une tension qui assure tout à la fois la certitude de l’existence en même temps que sa suspension dans l’attente de l’objet ; moment d’une existence douloureuse car privée de ce qui est son sol. Mais ici la nécessité prend la forme du désir, elle se fait croyance en une autre existence, celle-ci plus riche et possédant une forme plus accomplie : une destinée. Peut-être nous faudra-t-il alors envisager que si un lien existe entre désir et souffrir, il est sans destin, dépourvu donc de ce qui serait la nécessité, il serait capable de porter avec lui le plaisir et la joie. Ce ne serait donc qu’un lien accidentel, une mauvaise appréciation de l’objet ou une mauvaise définition du désir qui serait la source de la perturbation. Enfin la souffrance est peut-être entièrement dans le fait de vouloir établir des rapports absolus, mesurables, quantifiables et vérifiables dans le cadre des désirs qui engagent