Désobéir peut-il être un devoir?
En quelle mesure la désobéissance peut-elle avoir la valeur d'un devoir ? Ne serait-ce pas là soutenir un paradoxe ? En effet, comment pourrait-on faire de la désobéissance une obligation morale ou civile ? Autant dire alors qu'il serait de mon devoir d'enfreindre les lois ou de transgresser les interdits moraux. Il n'est pas nécessaire de souligner l'absurdité d'une telle maxime. Par devoir, il semble donc bien que l'on entend essentiellement l'obéissance à une loi, à un impératif, tel que le devoir consiste justement dans le respect de cette loi ou de cet impératif.
Cependant, si le devoir consiste bien dans le respect d'une loi, l'obéissance à cette loi, est-ce que j'agis nécessairement par devoir toutes les fois où j'obéis à une loi ? J'obéis bien à la loi de la gravitation : mais est-ce qu'une telle obéissance prend la forme d'un devoir ? J'obéis bien à la loi du plus fort, lorsque je suis contraint : mais, de même, puis-je parler de devoir ? Dans les deux cas, il semblerait bien saugrenu de parler de devoir. Ainsi, en définissant le devoir uniquement comme le fait d'obéir à une loi, ne risque-t-on pas de le confondre avec une soumission aveugle ?
Par conséquent, la simple obéissance à une loi ne suffit pas à définir le devoir. Mais, si l'obéissance ne suffit pas à définir ce qui est de l'ordre du devoir et ce qui ne l'est pas, est-ce que je ne peux pas alors être amené à désobéir à une loi au nom du devoir ?
Il semble que nous sommes là en présence d'une aporie : on ne peut pas, semble-t-il, penser la désobéissance comme un devoir mais, dans le même temps, il semble que l'on ne peut pas réduire le devoir à la simple obéissance à une loi, la conséquence étant que l'on peut être amené à désobéir à une loi au nom du devoir.
Dans un premier temps, nous verrons comment le devoir prend la forme d'un impératif, puis nous nous demanderons quel sens prend cette obligation, dans quelle mesure le