Echec scolaire
Le point avec...
Marie Rose Moro : « Les langues maternelles doivent être valorisées à l’école »
Marie Rose Moro est pédopsychiatre, directrice de la Maison de Solenn, maison des adolescents, à Paris.
Dans votre ouvrage Nos enfants demain, pour une société multiculturelle (Odile Jacob), paru début 2010, vous parlez du rôle de l’école pour les enfants issus de l’immigration. A quelles difficultés spécifiques sont-ils confrontés ?
Une récente résolution du Parlement européen souligne qu’en Europe les enfants de migrants échouent davantage à l’école que les enfants originaires du pays d’accueil. L’échec scolaire des enfants de migrants relève de multiples facteurs. Les plus étudiés sont les difficultés sociales, psychologiques et cognitives. Mais elles n’expliquent pas, à elles seules, l’échec scolaire. Il y a aussi un facteur culturel, moins connu, mais tout aussi redoutable. Je pense donc que les langues maternelles doivent être valorisées à l’école, et que cette reconnaissance est un facteur de réussite pour les enfants.
Que préconisez-vous ?
L’institution scolaire doit tenir compte du fait que les enfants de migrants peuvent avoir une langue maternelle autre que le français. Les enseignants pourraient, par exemple, s’intéresser aux différentes langues parlées par leurs élèves, et aider au passage de l’une à l’autre. L’important est de reconnaître cette diversité, et de ne pas la dénigrer. Plusieurs outils pédagogiques existent pour valoriser le bilinguisme, voire le multilinguisme, des enfants de migrants. J’en cite plusieurs dans mon ouvrage, parmi lesquels la technique de Danièle Pinon-Rousseau, celle du « conte bilingue ». Nous l’avons expérimentée dans un cadre thérapeutique, mais elle peut être appliquée à l’école. Il s’agit d’enregistrer un conte rapporté par les parents dans la langue maternelle de l’enfant, issu de son patrimoine culturel, et de le traduire en français. Cet objet bilingue peut