Economie
Jérôme Creel
Directeur-adjoint du Département des études de l’OFCE
Jacques Le Cacheux
Directeur du Département des études de l’OFCE Professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
La stratégie économique actuelle de l’Allemagne n’est qu’une variante de la « désinflation compétitive » qu’en d’autres temps la France a mise en œuvre, avatar des stratégies non coopératives qui, depuis les premiers pas du processus d’unification monétaire européen, ont pesé, faute d’institutions communes ou de mécanismes de coordination adéquats, sur les performances économiques de l’UE. L’élargissement, qui a considérablement accru le nombre de membres et affaibli les instances de coordination risque de conforter ces tentations opportunistes des États membres. Elles prennent, au sein de l’Union monétaire, des formes nouvelles, parce que les instruments dont disposent les gouvernements nationaux ne sont plus les mêmes : aux « dévaluations compétitives », désormais impossibles dans le cadre de l’Union monétaire, les gouvernements nationaux ont substitué d’autres moyens ; la concurrence fiscale, le dumping social, les politiques de modération salariale, etc., apparaissent comme des outils de « désinflation compétitive », améliorant les coûts relatifs de production. Ainsi, la baisse des coûts relatifs allemands est désormais substantielle, en particulier par rapport à certaines économies du Sud de l’Europe. Mais notre analyse suggère que la stratégie allemande risque d’être moins efficace que les expériences similaires menées dans de « petites économies ouvertes ». Deux hypothèses permettent d’éclairer l’adoption, par l’Allemagne, d’une stratégie de désinflation compétitive. La première met l’accent sur les implications macroéconomiques et distributives d’un éventuel changement des modes de financement privé en Allemagne, notamment en matière d’évolution du rapport de forces entre salariés et détenteurs du capital, sous