El desdichado nerval
Le Ténébreux est celui qui appartient à l’enfer, l’épithète est relayée par le « soleil noir ».
Le Veuf : une note de Nerval, « olim : Mausole ? » peut nous mettre sur la voie. Olim en latin signifie autrefois. Quant à Mausole, il s’agit d’un satrape en l’honneur de qui sa sœur et épouse, Artémise II, fit bâtir un somptueux tombeau, le Mausolée d’Halicarnasse, l’une des sept merveilles du monde. Nerval y voit donc son rattachement esthétique au domaine des morts (une des pistes qui parcourt tout le sonnet) en même temps que sa solitude affective, reprise dans l’Inconsolé. La détermination des trois adjectifs substantivés par l’article défini « le » souligne la forte identification de Nerval à ces types.
Dans la préface des Filles du Feu dédiée à Alexandre Dumas, il écrivait, non sans dérision : « Ainsi, moi, le brillant comédien naguère, le prince ignoré, l’amant mystérieux, le déshérité, le banni de liesse, le beau ténébreux, adoré des marquises comme des présidentes, moi, le favori bien indigne de madame Bouvillon, je n’ai pas été mieux traité que ce pauvre Ragotin, un poétereau de province, un robin ! ». Nous retrouvons dans ces propos bien des qualificatifs du 1er quatrain, preuve s’il en est qu’ils formaient un tout pour notre poète.
Vers 2.Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : Qui est ce prince d’Aquitaine ? Sans doute le Prince noir, le vainqueur de Poitiers. Nerval y reconnaît en lui la couleur noire du malheur, celui qui sème la désolation sur son passage, le massacreur de Limoges, le vainqueur de plusieurs sièges (un premier sens de la tour abolie ?). Quant à la « tour abolie », elle peut renvoyer, d’après le dictionnaire des symboles, à deux significations, la rupture de l’équilibre, de la continuité entre la terre (y compris les mondes souterrains) et le ciel, ou le symbolisme médiéval de la vigilance et de l’ascension. Dans les deux