Elie Kagan Et La Nuit Du 17octobre1961
La naissance d'un reporter engagé
La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) a l'immense privilège de conserver depuis 1999, le fonds photographique et les archives professionnelles d’Elie Kagan comportant environ 300 000 documents.
Né à Paris le 26 mars 1928, d'origine juive polonaise, il a échappé de peu aux rafles antisémites.
Autodidacte, passionné par le monde social et politique, Elie Kagan photographie en France jusqu'à son décès en janvier 1999, quantité d'évènements à résonance politique, syndicale, sociale ou économique, mais aussi dans l'Algérie nouvellement indépendante, en Israel... Il se qualifie lui même de reporter engagé, tiers - mondiste sentimental, gauchiste de coeur et volontiers provocateur : il sera un photographe libre, archiviste de tous les mouvements contestataires.
La carrière photographique d’Elie Kagan a été profondément marquée par la nuit du 17 octobre 1961.
Il est un des rares photographes à avoir pu fixer par l'image les violences policières perpétrées à l'encontre des Algériens lors d’une manifestation pacifique organisée par la Fédération de France du
Front de Libération Nationale (FLN). Afin de dénoncer pacifiquement le couvre-feu ordonnant aux seuls Français musulmans d' Algérie (FMA) "de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue et plus particulièrement de 20:30 à 05:30 du matin", instauré le 5 octobre par Maurice
Papon, alors préfet de police de Paris, et par Roger Frey ministre de l'Intérieur, des milliers d'Algériens quittèrent leurs bidonvilles et ghettos de banlieue, en habits du dimanche afin de témoigner de leur dignité, bravant le couvre feu qui leur était imposé, pour protester contre l'arbitraire et l'injustice. La répression par les forces policières fut féroce et sanglante et dégénéra en véritables ratonnades. Le récit en images et oral d’"Elie Kagan, le témoin" rapporté par Jean-Luc Einaudi marque le début de la