En quelle mesure le sport joue t-il un rôle politique ?
« La philosophie qui veut que sport et politique ne se mélangent pas est spécieuse est hypocrite. Les exploits sportifs sont aujourd’hui utilisés comme étalon de la grandeur d’un pays. »[1]. L’affirmation de cet homme politique africain résonne comme l’antithèse de l’idéal apolitique que défend le sport.
Le sport et la politique recouvrent l’un comme l’autre des réalités très diverses, d’où la nécessité de définir ces deux notions pour restreindre le champ d’étude.
Le sport admet plusieurs acceptations et son étymologie semble avoir navigué d’une rive à l’autre de la Manche. L’ancien français desport (XIIè siècle) est la première forme du mot, qu’on peut rapprocher de la manière d’être du corps, du plaisir et de la distraction, inclus dans la variante deport (qu’on retrouve plus directement dans l’espagnol moderne deporte=sport). Le mot passe ensuite en Angleterre au XIVè siècle, glissant progressivement de disport (distraction) à sport à la fin du XVè siècle. Quand on le retrouve en France, à partir de 1828, il garde un sens très large, englobant la chasse, le billard, les courses de chevaux, l’escrime mais aussi des jeux très violents. Son utilisation se répand rapidement avec la première gazette Sport du 17 septembre 1854, créée par Eugène Chapuis. Il est reconnu officiellement par l’Académie française en 1878. Encore réservé aux classes privilégiées, le sport forge son sens actuel avec l’athleticism britannique, qui institutionnalise le sport avec des règlements précis, des équipements uniformisés, l’irruption du critère temporel pour mesurer les performances ou pour limiter la durée de jeu. La dépense musculaire devient aussi un critère de définition du sport : « activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines. » Il est tentant d’exclure le sport loisir, et le sport traditionnel, mais leur signification