Ici au Tchad, les hommes n’ont pas de temps pour les affaires productives, l’exercice des armes et les déplacements leur prennent toutes leurs journées, et il faut que le reste de la population les nourrisse et les habille, mais leur costume est voyant, souvent de couleurs variées. ici au Tchad on admet très peu de qualités distinctives, les individus se ressemblent plus qu’ailleurs, ou, du moins, on les traite comme s’ils étaient égaux, ici au Tchad, l’on exige l’obéissance et on obéit sans comprendre. ici on ordonne, mais on se garde bien de convaincre ; ici les punitions sont trop nombreuses, et plein de dureté qui va souvent à l’extrême, au pire. ici au Tchad la loyauté est regardée comme le plus grand crime, les plus courageux sont seuls à oser la critique des abus ; ici la vie a peu de prix, et l’ambition se manifeste souvent de telle sorte qu’elle met la vie en danger. L’imbécile qui entendra dire tout cela s’écriera sans hésiter : « C’est là l’image d’une société barbare, menacée de dangers. » Peut-être y aura-t-il d’autre imbécile pour ajouter « C’est la description de Sparte. » mais un autre prendra peut-être un air songeur et soutiendra que c’est là la description de notre Tchad actuel, tel qu’il existe au milieu de notre civilisation et de notre société si différentes – anachronisme vivant, image, comme je l’ai indiqué, d’une société barbare, menacée de danger, œuvre posthume du passé, qui, pour les rouages du présent, ne peut avoir que la valeur d’une entrave. Mais il arrive parfois à la culture d’avoir le besoin le plus absolu d’une entrave lorsqu’elle décline trop