Espace et temps
Il peut arriver aussi que l’aventure soit d’une chronologie tout à fait rigoureuse comme dans Le vieux nègre et la médaille. Ici le récit se passe entre le 11 et 15 juillet. A l’intérieur de ce segment temporel, les faits sont ventilés avec un souci remarquable de la proportion. Le 11 juillet, le vieux Méka, se rend à une convocation du Commandant de cercle et s’entend déclarer qu’il sera décoré le 14 juillet. Méka, en effet, a rendu d’importants services à la France : il a cédé ses terres à la Mission catholique et ses deux fils sont morts à la guerre.
Les 11, 12 et 13 juillet, Méka prépare l’événement. Des villages les plus éloignés, parents et amis sont venus à Doum pour participer aux festivités. Le 14 juillet, c’est la cérémonie de la décoration. Le comportement des colonisateurs blancs fait l’effet d’une douche froide pour Méka et ses congénères. Ce même jour, celui-ci retenu en ville par un orage est arrêté et sévèrement malmené.
Le 15 juillet, il regagne son domicile et, avec les frères restés à l’attendre, il conclut que « les Blancs sont toujours les Blancs »
L’étalement de la première séquence prépare en fait la briéveté de la seconde. La joie prématurée des colonisés, croyant voir dans le geste des autorités l’annonce d’une ère de fraternité entre Blancs et Noirs, est brusquement interrompue. La désillusion est brutale, elle est suivie par la résignation.
L’aisance d’Oyono dans le