Espace public et entreprises: penser la sphère professionnelle.
La fortune qu’à connu en France l’ouvrage de Habermas «Strukturwandel der öffenlichkeit» se manifeste notamment dans l’extrême diversité de compréhension de la catégorie « d’espace public» dans les différents champs et les différentes disciplines où elle a été utilisée. Sociologie du travail, droit du travail, sciences de gestion, sciences de l’information et de la communication, sociologie, ethnologie, et plus récemment histoire, ont ainsi mobilisé cette catégorie dans des problématiques souvent fort hétérogènes.... A bien des égards, l’évolution de la pensée d’Habermas, comme sa réception en France autorisaient des interprétations et des problématisations multiples, depuis la théorie politique jusqu’à la «méta-théorie sociologique»1. Un certain nombre de travaux ont ainsi essayé de mobiliser cette catégorie dans l’analyse de l’évolution des entreprises2 dans deux directions de recherches que nous distinguerons pour les besoins du débat même si elles sont évidemment liées. La première peut-être exprimée en une question: y a-t-il eu «démocratisation» des entreprises sous l’effet du développement de la communication, et seraient-elles ainsi devenues ou susceptibles de devenir des «espaces publics partiels»? Cette catégorie d’espace convient-elle ici ou ne devrait-on pas employer plutôt la catégorie de « sphère » normative ? Plus largement, comment interpréter l’évolution des rapports des entreprises à leurs environnements socio-politiques manifestée notamment par le développement des communications dites «institutionnelles» ? La seconde concerne l’émergence d’une «sphère professionnelle» qui ne se confond pas totalement avec ce que Habermas appelle le «système économique» puisqu'elle se donne comme un élément du processus général de constitution de ce que l’auteur de la «Théorie de l’agir communicationnel» appelle, derrière Max Weber et les théoricien de l’école de