essai sur l'efficacité d'une oeuvre contre l'oppression
Au Yémen la loi fixait, en 2008, l'âge minimum du mariage à 15 ans. Mais les familles dérogeaient facilement à la règle en stipulant dans le contrat de mariage l'interdiction des relations sexuelles jusqu'à ce que les jeunes épouses y soient « prêtes ». C'est exactement ce qu'a fait la famille de Nojoud Ali (originaire de Khardji, dans le nord du Yémen) lorsqu'elle n'avait que 9 ans. En effet son père, afin de pouvoir nourrir sa famille (deux femmes et quatorze enfants), a conclu un marché avec un trentenaire de son village, qui a pris Nojoud pour femme contre une petite somme d'argent . Pendant trois mois, elle a subi abus sexuels et maltraitance. Le 2 avril 2008 elle réussi à s'enfuir. Sur les conseils de la seconde épouse de son père, elle se rendit directement au tribunal, seule, pour demander le divorce. Après une demi-journée d'attente, elle fut remarquée par le juge, Mohammed al-Ghadhi, qui prit sur lui de l'héberger temporairement et envoya le père et le mari en détention provisoire. Devant la cour, Chadha Nasser, une avocate qui accepta de la défendre gratuitement, plaida que le mari avait enfreint la loi puisqu'il y avait eu viol. Le 15 avril, le tribunal accorda à Nojoud le divorce.
En février 2009, Nojoud Ali est venue en France afin de faire la promotion de son livre: Moi Nojoud, 10 ans, divorcée. Dans ce livre elle raconte son histoire pour briser le silence. Pour encourager les autres petites filles de son âge à ne pas tomber dans le même piège qu'elle. La fillette est devenue une icône de l’émancipation du système patriarcal au Yémen, où la parole de l’homme ne peut être contestée. A 10 ans, elle a remis en cause les mœurs de sa société.
Grâce à elle, grâce à sa lutte contre une loi tribale ancestrale, grâce à son livre, en 2009 le gouvernement yéménite a élévé l'âge