Est-ce le cerveau qui pense?
L’expérience montre que des lésions cérébrales perturbent ou annulent les pensées d’un individu. Mon cerveau est donc pour moi condition nécessaire de mon accès à la pensée. Mais est-il pour autant à lui seul le sujet de la pensée ? Est-ce mon cerveau ou est-ce moi qui pense et qui cherche à se connaître soi-même, ou au moins à se comprendre ? Quel pourrait être ce moi distinct du cerveau quoique inséparable de lui ? Faut-il penser une âme distincte du corps, entraînant de graves difficultés d’union de cette nouvelle substance avec la substance corporelle, ou bien faut-il poser autrement la question de ce qui permet l’émergence d’un sujet conscient, parlant et voulant, ou simplement désirant ? *Quiconque comprend cette question fait l’expérience aussi de dire « je » et de se penser comme un « moi », à la première personne du singulier. Mais est-ce moi qui a un « moi » ou est-ce mon cerveau ? Est-ce le cerveau qui a un moi, et qui avec ce moi se pense lui-même ainsi que le monde, ou est-ce moi qui pense par et avec mon cerveau ? La question peut sembler vainement subtile et abstraite, mais elle cherche à faire clarté sur la question du sujet qui pense : Qui pense ? Mon cerveau ? Moi ? Quel pourrait être ce moi distinct du cerveau ?
S’agirait-il du reste du corps, qui serait le vrai moi complet, et dont le cerveau ne serait qu’un organe) et une partie ? Mais la société des sociologues suffit-elle à rendre compte de la pensée philosophique, ou faut-il pour cela introduire le réel dans son ensemble à la manière des métaphysiciens, comme Descartes, Spinoza ou Leibniz, qui jugent nécessaire pour penser la pensée d’interroger l’ensemble du réel, comprenant Dieu, comme le faisaient déjà Platon et Aristote ? Pourquoi centrer l’interrogation autour du cerveau ? On pourrait dire que les animaux ont aussi un cerveau et qu’ils se vivent