Etre libre est ce etre independant?
On croit souvent qu’être libre, c’est être indépendant, c’est-à-dire faire ce que l’on veut sans que rien ni personne ne vienne nous contrarier. Mais peut-on être vraiment libre sans accepter de respecter un certain nombre de règles ?
Il s’agit de distinguer plusieurs sortes de libertés à partir du rapport qu’elles entretiennent avec la loi en général, afin de savoir laquelle est la plus satisfaisante pour les hommes.
I) Caractéristiques et limites de la liberté d’indépendance.
• L’indépendance renvoie là la capacité de penser, de s’exprimer et d’agir sans y être déterminé et sans en être empêché par quiconque. C’est la thèse soutenue par Calliclès dans le Gorgias de Platon : « la liberté, c’est l’abandon aux passions et l’absence de contraintes. » L’individu doit écouter et exprimer sans frein ses désirs, sans égard pour autrui ni pour conventions. Etre libre, c’est affirmer à la première personne, c’est-à-dire laisser s’exprimer la nature en soi.
• Mais cette conception est intenable moralement. Car comment vivre sans se soucier des répercussions de son propre comportement sur autrui ? Ce serait le considérer uniquement comme un simple moyen ou comme un instrument de jouissance personnelle. Or comme le montre Kant dans les fondements de la métaphysique des mœurs, cela est incompatible avec notre dignité d’hommes.
• La liberté d’indépendance est par ailleurs inenvisageable pratiquement. Car si chacun a « droit sur toutes choses » (c’est « l’état de Hobbes »), alors chacun risque à tout moment d’être lésé ou tué. La conception de la liberté comme indépendance est contradictoire parce que si on l’étend à tous les hommes, elle met à mal la possibilité même de l’exercice de la liberté : « si chacun fait ce qui lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un état libre » (Rousseau, VIIIe lettre écrite de la montagne)
Le libre-arbitre et