Eve de ses decombres
Il y a là, Eve qui vend son corps, ou plus exactement “l’ombre de son corps”, pour payer ses études ; son amoureux, Sad, un “réfugié de naissance”, lecteur de Rimbaud ; Clélio, “un sale besogneux”, “avaleur de clous rouillés des autres”, “avec assez de colères pour remplir dix fois le panier percé de sa vie” ; et, enfin, Savita, la “bonne fille” qui ne veut plus être ce qu’elle est et qui est, elle aussi, amoureuse d’Eve... Quatre destins éperdus dans un lieu de bannissement où “les mères disparaissent dans une brume démissionnaire et les pères trouvent dans l’alcool les vertus de l’autorité”. Quatre destins qui s’entrecroisent, s’aiment et se déchirent, loin des plages, du sable et des hôtels étoilés, avec, à leurs côtés, telle une ombre absente, Carlo, le frère parti pour la France tenter de toucher du doigt les paillettes du rêve... Ces quatre exclus vont dériver jusqu’au drame qui constituera le noeud de l’intrigue : Savita est retrouvée assassinée enfouie dans une poubelle ... Crime passionnel ? Crime sadique ? Dépit amoureux ou violence crapuleuse ? Clélio est jeté en prison, telle une victime expiatoire. Eve et Sad se retrouvent face à un destin qui les dépasse et dont ils feignent d’être les