Faut-il redouter l'ignorance?
À partir de cette affirmation, il est possible de remettre en question chaque chose, progressivement, et d’établir un ensemble de connaissances sûres, valides, qui permettent de mieux appréhender et structurer l’existence. L’ignorance a permis ici d’établir avec certitude deux choses fondamentales. La première est la connaissance de l’ignorance, selon Platon, ce qui permet d’avoir un point de départ dans l'acquisition du savoir. Si je ne sais pas, c’est qu’il est possible de savoir, et ainsi est stimulée la volonté d’apprendre. La deuxième est la connaissance de l’existence de soi, de la subjectivité. Si il est possible de savoir que l’on ne sait pas, et aussi de savoir que l’on existe, nous avons là deux informations importantes sur lesquelles s’appuyer pour commencer le processus de connaissance. L’ignorance, bien plus alors que simplement ce qui précède la connaissance, son point de départ et son moteur, devient une partie intégrale du processus …afficher plus de contenu…
Elle est dans la doxa quelque chose de non-désirable, à laquelle il faut échapper à tout prix, source du mal et du malheur des hommes. Mais n’est-il pas vrai que ce qui est source de peur est généralement ce qui est inconnu? Dès lors que l’ignorance est connue, avouée, elle devient acceptable et permet la réalisation de la connaissance sur une base saine. Celle-ci, lorsqu’elle est mise à l’épreuve par le doute, l’outil de l’ignorance, peut évoluer, se défaire ou se renforcer, et l'ignorance et la connaissance se fondent l’un dans l’autre. Mais lorsqu’elle est prise à part, en tant qu’entité s’opposant à la connaissance, l’irréductibilité de l’ignorance devient la source même de la volonté de connaître. Lorsque l’esprit fait face à cette irréductibilité, l’ignorance permet aussi de se protéger à l’encontre de la vérité qu’il n’est pas prêt à recevoir. Plus que source de connaissance, l’ignorance devient source de