Fears
Intro Générale : Albert Cohen poète et dramaturge suisse après avoir publié Paroles Juives en 1921 décide d’entreprendre le récit de sa vie dans Le livre de ma mère . Il y insert des instants clefs passés avec sa mère qui atteint une portée universelle.
Partielle : Cet incipit forme une sorte de préambule : le narrateur ne raconte rien, n’entame pas encore son récit rétrospectif (il commence au ch. II) dont le sujet n’est précisé qu’indirectement, au détour d’une phrase (« les mots que j’écris ne me rendront pas ma mère morte. Sujet interdit dans la nuit. »). Nous sommes dans le discours et le temps de l’écriture (présent, passé composé, futur). Pourtant le lecteur tient peu de place dans ce prologue ; aucun « pacte autobiographique » n’est engagé avec lui et l’authenticité des faits n’est pas revendiquée. Seules, l’inspiration, la plume et la mère constituent les véritables interlocutrices du narrateur.
Le récit autobiographique, réflexif, est moins destiné à un quelconque lecteur qu’à la mère disparue et au narrateur lui-même, qui écrit pour se consoler (« se consoler, ce soir, avec des mots »). I. Le « je » autobiographique et ses interlocuteurs * 1) Solitude du narrateur
Le texte commence par une sorte de vérité générale qui semble remettre en cause la légitimité de l’autobiographie : « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. » Le narrateur se dédouble, se regarde écrire et parle de lui à la troisième personne dans le premier paragraphe, comme s’il prenait de la distance avec cette écriture autobiographique vouée à l’échec (on ne peut communiquer avec autrui, avec le lecteur) et pourtant source de consolation. La solitude de l’homme réfugié dans les chimères de l’écriture apparaît à la fois négative (« seul, perdu ») et positive comme le suggère la métaphore de la royauté : « tout roi et défendu », « dans mon royaume ». Le texte est structuré par l’opposition de