Fetichisme
Fetischismus
Sigmund FREUD
Edition d’origine : Gesammelte Werke, t. XIV, p. 309-318.
Première édition française : 1969, in La vie sexuelle, PUF (Denise Berger), p. 133-138.
Œuvres complètes. Psychanalyse, t. XVIII, « Fétichisme », PUF (Robert Lainé), p. 125-131.
Genèse
Ce terme est le produit d’une histoire tri-séculaire ayant déposé sur ce mot des sédimentations ethnologique, philosophique et finalement sexologique.
Né au XVIIIe siècle, pour désigner une forme de religion (Des Brosses, Du culte des dieux fétiches, 1756) des objets appelés « fétiches » (dérivé du portugais feitiço : sortilège, artifice), le terme en est venu à désigner une forme de perversion sexuelle depuis Alfred Binet (Le fétichisme dans l’amour, 1888). Il est désigné par les fondateurs de la sexologie (Dr R.Von Krafft-Ebing et le Dr H.Havelock Ellis) soit comme une attitude de la vie sexuelle normale consistant à privilégier une partie du corps du partenaire, soit comme une perversion sexuelle (ou fétichisme pathologique) caractérisée par le fait qu’une des parties du corps (pied, bouche, sein, cheveux…) sont pris comme objets exclusifs d’une excitation ou d’un acte sexuel.
L’écrit analytique va avoir pour but et effet de spécifier ce que, de cela – «Fétichisme » - la psychanalyse peut dire de neuf et de spécifique en le ressaisissant du point de vue inconscient.
La conception freudienne du fétichisme se déploie à travers plusieurs textes.
En 1905, dans les Trois Essais sur la théorie sexuelle, le fétiche est une partie du corps qui se trouve en relation avec la personne sexuelle. La « surestimation » de l’objet, c’est-à-dire un certain degré de fétichisme, existe normalement dans toute relation amoureuse. Pour illustrer ce propos, Freud cite Goethe : « Apporte-moi un fichu, qui ait couvert son sein, Une jarretière de ma bien-aimée ! » (Faust, I, 7). Elle ne devient pathologique que lorsque la fixation à l’objet relève d’une pulsion sexuelle infantile.