Fiche de lecture "modernité et holocauste" de z.bauman
Résumé
Selon Zygmunt Bauman, l'holocauste n’est pas un effondrement de la civilisation, un échec de la modernité : il est précisément le produit de la rationalité moderne. «Modernité et Holocauste» se situe ainsi à contrecourant de la tendance consistant à voir dans le génocide des juifs une anomalie, un dysfonctionnement inexplicables au regard de la civilisation occidentale censée s’être affranchie de toute barbarie.
En s’appuyant sur de nombreux travaux de recherche spécialisés, l’auteur avance que l’holocauste ne s’explique pas par la seule présence d’un antisémitisme à son apogée, mais par la conjonction unique de cette idéologie raciste et de facteurs « normaux » du processus civilisateur. Bauman analyse les points de similitude entre les procédures et dispositifs mis en œuvre dans le cadre de l’holocauste et ceux de la modernité industrielle, notamment les schèmes de l’action bureaucratique et de l’usine rationalisée des pays développés. Auschwitz ne serait ainsi que l’extension du système industriel moderne et les participants à l’extermination, des hommes ordinaires entraînés dans la logique d’un processus.
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Bauman compare l’holocauste à « un essai d’ingénierie sociale » qui s’accorde avec la modernité. Il porte un regard critique sur notre civilisation moderne et affirme que ce sont ses normes et ses institutions qui ont permis le judeocide par les nazis (condition nécessaire, quoique insuffisante). Il remet en cause l’hypothèse dominante d’un effondrement de la civilisation et rappelle que la civilisation occidentale a présenté sa lutte pour la suprématie comme un combat de l’humanité contre la barbarie, de la culture contre la sauvagerie, et que la non-violence de la civilisation moderne est une illusion qui fait partie intégrante de sa propre justification, élément du mythe de sa légitimité.
Ainsi, le «composé meurtrier était fait