fr samere
En 1985, le roman « L'Enfant de sable » est publié sous la forme d'un conte à travers lequel on progresse en passant des portes.
Le premier chapitre, « Homme » montre une personne cloîtrée d'elle-même dans sa chambre. Dans le chapitre suivant, un conteur raconte son histoire. Son père désirait un fils, mais n'avait que des filles. Lorsque naît sa huitième fille, il fait croire à tout le monde que c'est un fils, et la nomme Ahmed. Ahmed est élevée comme un garçon, avec des privilèges que n'ont pas ses sept sœurs.
L'Enfant de sable se situe d'emblée dans l'espace du conte: la place Jamâa-El-Fnâ. Il s'agit de l'histoire d'Ahmed né Zahra qui, par miracle, échappe au sort humiliant de femme. Huitième fille, l'enfant est décrété "mâle" par le père qui a décidé de mettre fin à la fatalité qui le poursuit. La vie de l'enfant est d'abord minutieusement organisée par le père qui pousse la supercherie au point de célébrer un simulacre de circoncision. Ahmed adhère si bien à la transfiguration que le corps féminin semble littéralement évacué. Il va même jusqu'au mariage avec la cousine. Cependant, contrairement à ses prévisions, celle-ci se révèle avertie de la simulation.
Après la mort du père puis celle de l'épouse, la narration bifurque. Plusieurs versions sont avancées par les conteurs qui prétendent tous être témoins de l'histoire. Quel que soit le narrateur, le devenir de l'homme-femme débouche toujours sur un parcours chaotique. Le drame est d'autant plus aigu qu'Ahmed arrive à un stade où il semble redécouvrir son corps qui parle à l'insu et contre le masque. Le simulacre est ainsi mis en procès. Les certitudes d'Ahmed s'effritent. Parallèlement, le conteur qui se dit investi de l'histoire est évacué par d'autres conteurs prétendant également être les héritiers du livre où l'histoire est consignée. On assiste alors à un éclatement de la narration par la surenchère de conteurs et de voix en rivalité.
En effet, le conteur s'installe sur la place