Paul Eluard écrit Leurs yeux toujours purs au sein du recueil Capitale de la douleur publié en 1926, la poésie est à cette époque émancipée de la tradition classique et de ses invariants métriques et rythmiques (alexandrins, etc.), syllabiques, sonores (rimes, etc.). Cependant, Eluard exerce un vers libre qui entretient généralement un dialogue avec la poésie traditionnelle et ne la récuse totalement qu'en des circonstances particulières. Dans le poème qui nous occupe, l'usage du vers libre est caractéristique de la poésie post-symboliste (inspirée de Baudelaire, Rimbaud, etc.); il y a de la sorte un jeu continuel entre les formes anciennes et l'inventivité du moderne. une certaine "spacialisation visuelle" qui organise le poème en strophes et en vers; même si celle-ci n'est qu'élémentaire par rapport aux vers graphiques, avatars visuels que nous rencontrons avec le calligramme; cette disposition reste le premier indice d'une versification poétique 9 alexandrins aux hémistiches apparents Par ailleurs, le vers de 13 syllabes (D) utres vers (m, n, q) laissent se découper, sur le fond métrique, des hexamètres de manière explicitée par la syntaxe; celle-ci est encore soulignée par la ponctuation (m et q) tandis que l'hexamètre final de n coïncide avec la subordonnée relative ...qui secoue ma misère. Il est donc possible de battre la mesure et le vers acquiert un rythme au sens musical du terme" .Les temps forts tombent sur les voyelles toniques et nous trouvons aussi des pauses, comme les silences de la partition musicale Ainsi les 3 quatrains instaurent à leur tour un sous-système, qu'il suffise de considérer le quatrain central isomètre et les extrêmes (a et L) pouvant se profiler comme un crescendo métrique suivi d'un decrescendo inversement identique, à l'exception du décasyllabe Nous remarquons tout d'abord la récurrence de sons identiques à la fin de certains vers, induisant à leur tour une organisation particulière. Nous retrouvons une