Georges sand
L’autobiographie est un genre difficile à définir, dans la mesure où il met en scène un sujet, une conscience, bref un « moi », un moi qui a des liens complexes avec lui-même, avec les autres et avec le monde. Le genre reflète toute cette complexité. Sans parler du travail d’écriture particulier qu’implique la description, mise en scène et le récit d’une existence. Le genre a ses canons : l’autoportrait, les légendes familiales, la maison et le souvenir d’enfance… Il a ses détracteurs et ses contempteurs et il a déjà toute une longue histoire. Il y a ceux qui veulent tout dire, ceux qui érigent un monument à leur gloire, puis viendront ceux qui vont subvertir le genre. Et puis, il y a George Sand, qui écrit cette chose bien curieuse : « Mon intention consistait à rendre compte des dispositions successives de mon esprit d'une façon naïve et arrangée en même temps.». Il est rare qu’un auteur présente une intention aussi modeste. On est loin de Rousseau et de sa proclamation insolente : moi, moi seul et mon livre à la main devant le créateur. Quel est donc le principe de toute autobiographie, et existe-t-il un principe et un seul ?
Le premier principe de toute autobiographie, c’est d’abord de se raconter. Une identité est là, qui demande à s’exprimer, à s’exhiber même parfois. Montaigne lui-même dit qui il est. Châteaubriant se définit de long en large, et George Sand se présente curieusement comme venant au monde alors que son père jouait du violon et que sa mère avait une jolie robe rose. Curieux pour une accouchée. La promesse de la naïveté est en tous les cas tenue. Naïveté fausse