GNER ?
Poème
- Le vingtieme d'Avril couché sur l'herbelette. Pierre de Ronsard 1555
- Ton corps plus doux que ton esprit. Charles Vion d'Alibray 1647
- Un Jour je vis, debout au bord des flots mouvants. Victoir Hugo 1839
- A une passante. Charles Baudelaire 1860
- Douleur. Albert Lozeau 1907
Le vingtieme d'Avril couché sur l'herbelette
Pierre de Ronsard
Le vingtième d’Avril couché sur l’herbelette,
Je vis, ce me semblait, en dormant un chevreuil,
Qui çà, puis là, marchait où le menait son veuil,
Foulant les belles fleurs de mainte gambelette.
Une corne & une autre encore nouvelette
Enflait son petit front, petit, mais plein d’orgueil :
Comme un Soleil luisait par les prés son bel œil,
Et un carcan pendait sus sa gorge douillette. Sitôt que je le vis, je voulus courre après,
Et lui qui m’avisa prit sa course ès forêts,
Où, se moquant de moi, ne me voulut attendre. Mais en suivant son trac, je ne m’avisai pas
D’un piège entre les fleurs, qui me lia mes pas,
Et voulant prendre autrui moi-même me fis prendre.
Ton corps plus doux que ton esprit
Charles Vion d'Alibray
Ton corps plus doux que ton esprit
S'exposait hier à ma vue,
Et d'un transport qui me surprit
Soulageait l'ardeur qui me tue.
Ton visage masqué me rit
Ainsi qu'au travers d'une nue,
Et sous le gant qui la couvrit
Ta main m'apparut demi nue.
Même pour mieux flatter mes sens
De mille plaisirs innocents,
Ton sein poussait hors de ta robe.
Cloris, n'est-ce pas proprement
Que ton corps de toi se dérobe
Pour se donner à ton amant ?
Un Jour je vis, debout au bord des flots mouvants
Victor Hugo
Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants,
Passer, gonflant ses voiles,
Un rapide navire enveloppé de vents,
De vagues et d'étoiles ;
Et j'entendis, penché sur l'abîme des cieux,
Que l'autre abîme touche,
Me parler à l'oreille une voix dont mes yeux