1. Le phénomène, il y a une vingtaine d’années, avait déjà inspiré un livre, La rumeur d’Orléans. Il n’en reste pas moins fortement présent et toujours aussi difficilement explicable 2. aujourd’hui. C’est ainsi que s’intéressent à la rumeur les documents de notre corpus. Si Beaumarchais, à travers le personnage de Bazile, dans Le Barbier de Séville (1775) en dessine un visage tout à fait particulier, celui de la calomnie, le document administratif extrait de Maîtrise et information administrative publié en octobre 1982, se préoccupe de l’étudier quasi-scientifiquement. Jean-Noël Kapferer dans son essai publié en 1987 présente " les rumeurs [comme] le plus vieux média du monde ". Jean-Jacques Bozonnet évoque celle tentant d’expliquer les incroyables inondations d’Abbeville dans le journal Le Monde le 14 avril 2001. C’est aussi à l’actualité, celle tragique du 11 septembre 2001, que Pessin consacre son dessin satirique dans le même quotidien le 20 octobre 2001. Ces différents documents nous proposent donc une tentative de définition de la rumeur sous ses différents aspects, s’interrogent sur son fonctionnement et les conditions qui guident sa propagation, ainsi que sur les tentatives de remédiation.
Les documents de notre corpus tentent donc l’esquisse de la rumeur. Elle apparaît avant tout comme un phénomène mystérieux, voire magique, et qui reste méconnu, malgré toutes les tentatives d’explication, et les déplorations, affirme Jean-Noël Kapferer. C’est une manifestation collective qui touche l’ensemble du groupe comme en témoigne le document administratif anonyme. La difficulté de le définir amène certains auteurs à utiliser la 3. métaphore. Ainsi, Beaumarchais, dans une énumération accumulative, l’assimile-t-il tour à tour à un végétal, un serpent, un volatile, hirondelle ou oiseau de proie, et Jean-Jacques Bozonnet, inspiré part le contexte éminemment aquatique de son article, à " l’eau vive ". Il s’agit, en tout cas, d’une