Husserl
Par Denis Fisette UQAM Département de philosophie (Ce texte est destiné à un numéro thématique de la revue Symposium dont le coordonnateur est Claude Piché.)
L’usage consacré du terme « phénoménologie » renvoie à ce mouvement de pensée qui s’est inspiré de la philosophie de Husserl. Mais il suffit de remonter en amont du « mouvement phénoménologique » et de la philosophie husserlienne pour constater que ce concept n’est pas le monopole de cette seule école, qu’il n’est pas exclusif à ce réseau de références constitué par ceux qui revendiquent une certaine appartenance à ce mouvement. On a qu’à penser au mot de Kant dans sa lettre à Marcus Herz qui annonçait déjà une phénoménologie, désignant ainsi ce qui allait devenir, quelques années plus tard, la Critique de la raison pure ; Karl Reinhold l’a également introduit pour désigner l’étude de la conscience et Hegel, dans son ouvrage de 1807, La phénoménologie de l’esprit, pour désigner cette « science de l’expérience de la conscience ». On peut certes se demander si, par delà l’usage d’une même notion, nous avons affaire ici au même concept. Paradoxalement, bien que la phénoménologie soit devenue un titre général, voire un mot d’ordre, qui a rallié une bonne partie de la philosophie au vingtième siècle, Husserl ne l’a jamais clairement défini, pas plus d’ailleurs que le concept de philosophie qui lui est associé. Voilà donc une difficulté cruciale pour l’interprétation de sa pensée et un problème quasi insurmontable lorsqu’il s’agit de la comparer à celle d’un Fichte. De plus, le rapport entre la phénoménologie et la philosophie telle que la conçoit Husserl est à sens unique comme le montre le développement de sa phénoménologie. La philosophie, dans son développement historique, tendrait en effet vers une phénoménologie, mais celle-ci demeurerait relativement autonome face
à la philosophie et à la