Ignorance et étonnement
Dans un passage célèbre de cette œuvre, Aristote met ainsi en évidence la spécificité de cette activité, dans laquelle il s'est lui-même illustré, en remontant à ses origines. Fille de l'étonnement, la philosophie se distinguerait, selon lui, des autres activités par sa liberté, en tant qu'elle serait à elle-même sa propre fin.
Nous verrons, après avoir étudié l'argumentation d'Aristote, la justesse mais aussi le caractère trop abrupte peut-être d'une telle conception de la philosophie. On comprend qu'Aristote soucieux, à la suite de Platon, de promouvoir l'activité philosophique, se soit employé à en montrer la spécificité.
Il s'emploie en effet, dans le passage de la Métaphysique qui lui est consacré, à répondre à une question essentielle concernant la spécificité de la philosophiep, qui est de savoir quel est son but véritable, vers quoi tendent ceux qui s'y adonnent.
Aristote donne à penser que si la philosophie est, comme toutes les autres sciences, une activité de connaissance, elle n'a, par contre, à la différence de celles-ci, aucune visée utilitaire. Seule importe au philosophe l'accès à la connaissance qui mettra fin à l'ignorance que son étonnement lui fait ressentir en présence des phénomènes qu'il est incapable d'expliquer.
Pour faire comprendre que la philosophie est une pure recherche de connaissance, Aristote remonte à son origine première, l'étonnement : il montre que l'étonnement fait prendre conscience de son ignorance à celui qui l'éprouve en le poussant purement et simplement à y mettre fin. Son argumentation se déploie ainsi en deux temps principaux. Dans un premier temps, de la ligne une à la ligne huit, Aristote explique la genèse de la pensée philosophique en la mettant au compte de l'étonnement. Dans un second temps, de la ligne