Immigration
Publié dans Annales de la recherche urbaine, n°57-58, déc. 1992 - mars 1993. également disponible sur http://www.urbanisme.equipement.gouv.fr/cdu/datas/annales/battega.htm
Durant ces dix dernières années, au cours des années 80, l’immigration maghrébine est devenue en France un thème d’actualité. Des rodéos des Minguettes aux émeutes de Vaulx-en-Velin, des faits divers de la délinquance urbaine aux succès publics de certaines vedettes issues de l’immigration, de la compassion à l’égard des réfugiés à la hantise des risques d’invasion et à l’inquiétude devant la présence accrue de clandestins, de la tolérance vis-à-vis de populations musulmanes pratiquant un islam tranquille à la crainte d’une structuration communautaire autour d’un islam militant, de la méfiance à l’égard de familles bénéficiaires de la solidarité sociale à la reconnaissance étonnée du dynamisme des petits commerçants étrangers, plusieurs images des immigrés se sont dessinées, superposées, enchâssées. La configuration floue qui en résulte a complexifié et modifié les représentations antérieures de l’immigration maghrébine. Elle a transformé la figure du travailleur immigré qui, de la fin de la guerre d’Algérie jusqu’au milieu des années 70, avait organisé en France la perception publique de cette population [1].
Au début des années 80, la concentration résidentielle de familles immigrées dans certains quartiers des grandes villes et à leurs périphéries a en effet fait apparaître l’immigration maghrébine et notamment algérienne dans sa dimension communautaire au moment même où les grands secteurs économiques qui utilisaient de la main d’oeuvre immigrée salariée se retrouvaient en crise et se restructuraient. Sous de nouvelles formes, les immigrés et les générations issues de l’immigration sont devenus visibles aux regards des citadins : par voisinage dans les quartiers d’habitat social et les banlieues, par co-présence dans les