Indéfini vs défini
– on emploie l’indéfini lorsque le référent du N n’a pas encore été identifié ; il introduit un mot (ce qu’il désigne), ou plus exactement un référent dans le discours
Raymond Queneau, Les Derniers jours : « … Au coin de la rue Dante et du boulevard St-Germain, un vieillard hésitait, n’osant traverser. Un camion lui frôla le parapluie, grimpa sur des caisses, un chien aboya aux baleines. »
– le défini implique une identification ; il la présuppose : la rue Dante implique que l’on sait communément ce qu’est la rue Dante à Paris, où se passe l’action : il n’y a qu’une rue qui porte ce nom. Le déterminant fonctionne ici en liaison avec le nom propre dont on connaît le caractère « uniréférentiel » : il permet d’identifier précisément le référent.
1°) donnée par le contexte linguistique (ce que Kerbrat-Orecchioni appelle le « cotexte ») :
a) dans une autre proposition : Jérôme parlait avec un homme. Le type lui dit : … On a ici un lien anaphorique, mais il se fait à travers une reformulation : on parle d’anaphore (nominale) infidèle ; « nominale » parce qu’elle passe par un substantif, non par un pronom ; « infidèle », parce qu’il y a pas de répétition (on aurait eu alors : « l’homme lui dit… ». On parle parfois aussi d’ « article de rappel ».
Les Derniers Jours (suite) : « Le bonhomme recula en grommelinant dans sa moustache qu’il portait épaisse et tombante. »
La reformulation passe souvent par un « hyperonyme », nom dont le sens est plus général que le nom qu’il remplace.
b) dans le syntagme même ; l’art. est alors accompagné d’un élément de détermination apporté par un adjectif épithète, un complément du nom ou une proposition relative qui prennent ici une fonction déterminative : l’homme que j’ai rencontré hier relative déterminative qui permet d’identifier l’h en quest. prends le cahier rouge [le c. qui est r.] ; on peut opposer : c’est un homme que j’ai rencontré hier à voici l’homme que j’ai