Initiation
Les francs-maçons et la mort
Luc NEFONTAINE Chargé de cours, ULB
La franc-maçonnerie est une société où se célèbre la vie. Résolument optimistes, les maçons pensent que le monde dans lequel ils vivent peut et doit être amélioré. Un tel programme passe nécessairement par la construction de soimême. Chemin de perfectionnement, d'acquisition des vertus, chemin aride pour certains qui s'adoucit cependant au contact des frères. La fraternité vient mettre un baume sur les épreuves de la vie. Les agapes qui terminent une tenue constituent des moments privilégiés de détente où le vivre devient le bon vivre, où l'on se laisse aller aux plaisirs de la conversation et de la plaisanterie. Mais la mort plane sur chaque existence et sur chaque communauté. Elle touche les maçons, qui ne sont pas immortels… Elle affecte souvent la vie d'une loge. Lorsqu'un frère “passe à l'Orient éternel”, il a droit à des funérailles que l'on dirait maçonniques si elles se déroulaient dans la loge. Mais il n'en va pas ainsi. Si les obsèques se déroulent dans une église, ou dans un endroit plus neutre comme un funérarium, le cercueil pourra être recouvert d'un drap orné de symboles maçonniques. Un frère de l'atelier, généralement l'orateur, dévoilera son appartenance en prononçant une allocution qui exprimera les sentiments de tous. La franc-maçonnerie est une société de mémoire. Dans la loge, il est fait régulièrement mémoire des frères ou des sœurs décédés. Il y a un devoir de faire mémoire. “Nos cœurs ne doivent pas être le tombeau de nos frères” dit joliment le maçon Roland Gillard. D'une certaine manière, les maçons survivent au travers de leurs frères. L'Orient éternel n'est qu'une métaphore pour exprimer un au-delà de l'existence individuelle. La formule n'induit aucune croyance, ni
aucune négation d'une quelconque croyance : des maçons croient au ciel, d'autres n'y croient pas. Ce n'est pas cela qui est en cause dans la mort maçonnique. Ce dont il est question,