Interet pour ulysse de sa descente aux enfers au chant xi
Dans Le Salut, publié en 1959, de Gaulle dresse un portrait de Staline lorsqu'il retrace sa visite à Moscou du 2 au 10 décembre 1944. Justement, quel portrait le mémorialiste compose-t-il de « l'homme d'acier » ? Staline, négociateur zélé (II), cache derrière ce masque les dessous d'un tyran éclatant (I).
I] Staline, un tyran éclatan
Lorsque le Général de Gaulle évoque Staline, il rappelle sa « volonté de puissance » (p. 78). Ce zèle qu'il consacre à ses tâches est la clé de voûte de son caractère. Il ne connait ni la « pitié », ni même l'indulgence. La sensibilité lui est inconnue, il est intrinsèquement cruel. Il se méfie de chaque personne qu'il considère comme « un obstacle ou un danger » et qu'il n'hésiterait pas à faire éliminer. Le lexique de la dissimulation, du faux-semblant, lui est alloué. Il est décrit de façon très imagée : « communiste habillé en maréchal, dictateur tapi dans sa ruse ». En réalité, derrière tant de malice se dégage le profil du « despote » qui n'hésite pas à imposer à son pays « une dépense inouïe de souffrances et de pertes humaines » (p. 78) pour remplir ses desseins.
Le Général de Gaulle voit en Staline ce « charme ténébreux » (p. 79) qui rend cet homme si fascinant nonobstant l'âpreté de son engagement. L'homme d'acier aspire à la grandeur de la Russie, tellement qu'il l'incarne. Sa « volonté de puissance » est au service des « rêves de sa patrie » (p. 78). En réalité, Staline, parce qu'il est fascinant de puissance, parce qu'il est enivrant de cruauté, il est un dirigeant hors norme. De Gaulle voit en lui un « conquérant à l'air bonhomme » (p. 78) prêt à tout pour parvenir à ses fins. D'ailleurs, après la signature du traité franco-russe, « Il s'était remis à manger » (p. 99).
II] Un négociateur zélé
De Gaulle n'a pas dressé ce portrait avant que les négociations ne commencent sans raisons : en effet, le caractère du maréchal détermine les péripéties inhérentes à celles-ci. Staline est