Interpretation stricte de la loi penal
Présentation : Le principe de la légalité criminelle signifie que la loi et le règlement sont, chacun dans son domaine, exclusivement compétents pour la détermination des infractions. Dès lors, le juge chargé d’appliquer la loi doit s’interdire tout rôle créateur en ajoutant à la loi. Cependant, si la jurisprudence n’est pas une source du droit pénal, une loi pénale ne peut être considérée indépendamment de son interprétation par le juge. La Cour européenne des droits de l’homme définit d’ailleurs la loi comme « le texte en vigueur, tel que les juridictions compétentes l’ont interprété » (CEDH, Kruslin, 24 avril 1990). Le principe de la légalité des délits et des peines a un corollaire pour le juge : le principe de l’interprétation stricte de la loi pénale. Ce principe est le prolongement naturel du principe de la légalité des délits et des peines comme l’affirment clairement le Conseil constitutionnel (DC 16 juillet 1996) et la Cour européenne, (CEDH, 25 mai 1993).
Il est aujourd’hui énoncé à l’article 111-4 CP : « la loi pénale est d’interprétation stricte ». Il ne signifie pas que la loi pénale doit systématiquement être comprise de la manière la plus étroite possible. Ce principe a en réalité un sens essentiellement négatif : il proscrit le recours au raisonnement par analogie, mais il n’impose pas pour autant une interprétation littérale et n’interdit pas une interprétation dite « téléologique » des textes répressifs.
Avant d’envisager ces différentes méthodes d’interprétation, il faut savoir que le juge a l’obligation d’interpréter la loi selon l’article 4 du Code civil.
Préalable : L’obligation d’interpréter
Cette obligation pour le juge d’interpréter la loi est tirée de l’article 4 du C. civ. qui énonce que « le juge a l’obligation de statuer en cas d’obscurité ou d’insuffisance de la loi ». Il doit absolument surmonter cette difficulté (pour éviter un déni de justice) en interprétant la loi,