Jean-Jacques ROUSSEAU, Les Confessions (1782-1789)

Le titre des Confessions symbolise certainement l'aveu des péchés, la sincérité, la confession. Dans le premier livre qui compose toutes ses confessions Rousseau conte sa petite enfance. L'extrait qui nous est présenté évoque sa vie en pension à Bossey auprès du pasteur Lambercier et de sa sœur Gabrielle Lambercier. Cette dernière représente dans le récit la première figure féminine associée à la sexualité. En effet, lors du passage de « la fessée », l'enfant Rousseau ressent un certain plaisir à la douleur qu'il qualifie de sensuelle. Il en fait un aveu honteux qui va alors créer une rupture avec sa tendre enfance. La découverte de la sensualité et des premiers émois sexuels se fait à travers la fessée qu'il reçoit de la main de Mlle Lambercier qui, d'après le récit subjectif de Rousseau le « traite en grand garçon ». Le sentiment de honte et d'étrangeté sensorielle est retranscrit par le vocabulaire spécifique utilisé par le narrateur. La fessée à proprement parlé est toujours remplacée par des euphémismes et la conscience d'un trouble apparaît alors : il se rend compte à partir de ce moment précis que quelque chose d'anormal, qu'il ne connaissait pas encore, le pousse vers les femmes. Mademoiselle Lambercier fait alors figure d'une « femme de 30 ans » et non plus d'une mère. La rupture brutale entre l'insouciance de l'enfance et la découverte de la sexualité propre à l'adolescence est ici traduite par un sentiment de trouble, de honte et n'est pas identifié de manière claire par le narrateur. Cet épisode permet à l'auteur d'expliquer son plaisir masochiste en tant qu'adulte par le récit rétrospectif présenté lors de la fessée.
Nous pouvons alors nous demander comment, à travers le récit rétrospectif de cette confession honteuse, Rousseau parvient à annoncer et à justifier son penchant pour les plaisirs masochistes qualifiés de « déviances » au XVIIIème sicècle.
Dans un premier temps nous étudierons les