INTRODUCTION
« Ferrements » qui contient un ensemble de poèmes composés entre 1950 et 1960, met en évidence les modifications qu’Aimé CESAIRE apporte tant à l’expression qu’au contenu de son inspiration. Aux yeux du poète lui-même, ce recueil représente un aboutissement : « on trouvera Ferrements plus amer, plus discipliné… Le volcanisme du début s’est tassé, intériorisé, tantôt ». ce volume est subdivisé en deux sections. La première, Ferrements, évoque un passé douloureux : « mon rôle est de me souvenir, d’être, si je le puis un de ses « griots » qui relient le peuple de son histoire. Dans la seconde section, Ferrements, le poète est tourné vers l’avenir, se fait visionnaire. Il exalte l’espoir d’une renaissance. Son rôle est d’ « être le ferment de cet espoir à faire lever toutes les mains ». Il chante la dignité reconquise, la liberté retrouvée de l’Afrique et du Tiers-Monde. L’inspiration est d’une certaine manière, moins personnelle, davantage en prise sur l’actualité. Dans l’optique d’un commentaire composé nous allons scinder notre étude en trois parties/
I/ L’EXPRESSION D’UN ETRE AU MONDE MARQUE PAR LA SOUFFRANCE
CESAIRE publie Ferrements en 1960, année où le processus de décolonisation a permis d’obtenir l’indépendance de plusieurs colonies d’Afrique coloniale, mais n’a pas encore pris fin (l’Algérie notamment est le théâtre d’une guerre commencée six ans auparavant ). Certains poèmes du recueil se font l’écho de tels événements mais d’autres paraissent renvoyer à des événements plus ancienne, et d’autres encore ne comportent pas de renvois explicites à un contexte historique bien précis. De plus, les modifications successives apportées au texte montrent que le poète lui-même a supprimé des vers qui pouvaient faire référence à des événements particuliers donnant à ses poèmes un sens plus général.
II/ L’AFFIRMATION PROGRESSIVE DU « JE » LYRIQUE
Par ailleurs la question de l’unité, de cohérence interne du recueil nous conduit à nous intéresser à son